[Baldaquin de l'église Saint-Bruno-des-Chartreux]

[Baldaquin de l'église Saint-Bruno-des-Chartreux]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0084 01
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historiqueA partir des premiers travaux, finis en 1585, l'église Saint-Bruno, attachée à la Chartreuse de Lyon, attendit trois siècles l'achèvement de sa construction. Dans l'esprit strictement cartusien de l'époque, sa première architecture révèle le tempérament très sobre des Chartreux et aussi, l'absence d'un financement régulier. Il faut attendre 1730 pour qu'une nouvelle campagne de travaux dégage définitivement une église importante, originale et richement décorée. Tout naturellement, elle se définira dans le style fort de l'époque, le baroque. C'est entre ses murs qu'il se remarque. L'aspect extérieur conserve les lignes austères des premières fondations, en attendant 1870 et le rajout d'une imposante façade néo-baroque par Jean-Perrin. Dirigée plein Sud, alors que la grande majorité des églises s'ouvre sur l'horizon de Jérusalem, celle de Saint-Bruno a la chance d'être sur la route directe entre Paris et l'Italie. Tous les artistes de la Renaissance voyageaient au-delà des Alpes pour accomplir leur apprentissage. Débordants de connaissances, ils revenaient en France. Certains se sont arrêtés à Lyon pour exercer leur talent tout neuf. Ainsi Soufflot, futur architecte du Panthéon, est resté dix ans pour la seconde partie des travaux à partir de 1738. Avec l'aide de Melchior Munet, il offrira à Lyon son unique église baroque et l'une des plus belles de France. Ce dernier utilisera un dispositif architectural rarissime, un arc sur plan oblique de forme sinueuse, appelé "en corne de vache". Il permet d'ouvrir le choeur et la croisée du transept dont les sols sont à des hauteurs différentes. Mais la pièce la plus impressionnante de l'édifice se trouve au coeur de l'espace central. Là, un splendide baldaquin dessiné par un Italien, célèbre pour sa situation d'éternel endetté, Jean-Nicolas Servandoni. Dressé sur quatre grandes colonnes monolithes en marbre du Valais, il magnifie la présence du Christ dans le tabernacle et l'élève dans un ciel en stuc, symbolisé par une draperie plâtrée. Du baroque à l'état pur. L'église Saint-Bruno s'est construite à travers les siècles, les styles et dans un mélange d'état d'esprit franco-italien. Aujourd'hui, l'intérêt qu'elle représente dans le monde est indiscutable. M. Germain Bazin, membre de l'Institut, spécialiste du baroque, sûrement plus connu au Brésil qu'en France, vient régulièrement étudier ce monument. Plus surprenante, la visite-éclair, à l'été 1986, du directeur du Metropolitan Muséum de New-York, venu spécialement voir deux tableaux de Trémolières, l'Assomption et l'Ascension, installés à Lyon en 1741. Les oeuvres peintes de cette église sont celles qui souffrent le plus. En dehors du Baldaquin, des ors et de l'ensemble des sculptures, qui méritent un nettoyage en profondeur, il faut s'occuper très vite des tabeaux. Déjà, l'association américaine "Friends of French art" travaille à la restauration du "Saint Antoine Abbé" peint en 1635 par Claude Vignon. La caractéristique scintillante de son art était devenu bien terne, sa remise en état est in-extrémis. Trois autres oeuvres sont en danger de noirceur définitive : "Saint-André marchant au supplice" de Giraud, "Le mariage de la Vierge" de Charles-Michel Challe et "La mise au tombeau", de Nicolas Guy Brenet, ces tableaux devraient être repris en 1987 ou 1988 par les monuments historiques, avec un financement de la ville. En effet, il suffit simplement que la municipalité engage une décision pour que le réseau de protection du patrimoine se mette en place. Il serait regrettable que l'on puisse comparer dans l'avenir, les élus d'aujourd'hui à Henri III. Il fit la promesse en son temps de donner 30.000 livres pour la construction de l'église Saint-Bruno. Une somme qu'elle attend encore et qui lui a valu trois siècles d'espérance. Source : "L'église Saint-Bruno attend toujours les 30.000 livres d'Henri III" in Lyon Figaro, 2 décembre 1986, p.9.

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